Etape 74 - Sur la route - De Jipijapa à Otavalo, via Quito
Lundi 2 juillet 2018. Passé Jipijapa, on s'enfonce dans le coeur du pays. L'Equateur que personne ne visite. Aucun intérêt. Juste la terre. Brute. Des villages qui ne portent pas de nom, des magasins qui n'en sont pas vraiment, des toits de tôle ondulée et de feuilles de palmiers.

Et des boutiques aussi. Ici, tout se vend et tout s'achète. Pas vraiment de loi. Des bouteilles d'on ne sait quoi vendues on se sait où. C'est comme s'il n'y avait pas de nom de ce côté-ci de la planète. "Queso manab"... Qui s'en soucie ? Des bouteilles alignées sur un présentoir et un bus qui file. Direction Quito. La ville de tous les rêves.

Un dernier ceibos surgit de la forêt tropicale. Forêt de broussailles et d'arbres qui ne portent pas non pus de nom. Pas de village. Juste la route qui traverse des paysages sans nom.


Au bout d'une heure, les paysages s'assagissent. La terre est travaillée. Des champs cultivés caressent les vitres du bus.

Un village apparaît. Une boutique. Une rue. Des filles regardent passer les bus comme des promesses d'avenir. Le soleil pèse sur les terrasses désertes.

Et encore des champs. Du blé peut-être. Plus sûrement du quinoa. Des ceibos encore. Des nuages blancs transcendent le ciel. Je me sens bien au milieu de nulle-part.

Nulle-part, ce sont aussi ces bicoques qui ne portent pas de nom, cabanes de bambous qui tremblent sous le vent, sous la vibration des camions et des bus qui passent. Des rues qui ne mènent nulle-part. Des bancs accablés de soleil qui n'accueillent personne.

Et dans un virage, une maison qui semble faire face à l'adversité. Du linge qui sèche tranquillement au soleil. Rien ne tanspire de ce côté-ci du monde.

Plus on s'enfonce dans le pays, plus le paysage devient rural. Le grenier à blé ou à grains de l'Equateur. Ls céréales poussent sans qu'on ne leur demande rien. Le ventre du pays.



Puis le paysage s'élève de nouveau. La route quitte les terres cultivables pour les hauts plateaux du pays. Vers l'épine dorsale de l'Equateur. La chaîne des volcans. Quito. La capitale.

C'est vers 20 heures qu'on atteint enfin la ville. Gare centrale. Va-t-on passer la nuit ici, ou bien remonter directement vers Otavalo, la capitale du nord ? A l'étage de ma gare, je cours dans tous les sens et interpelle les vendeurs aux comptoirs des compagnies de bus. "Otavalo ? Otavalo ?" Un homme me conduit vers une compagnie située de l'autre côté de la gare. Il y a un dernier bus qui part dans cinq minutes. J'achète les billets et roule ma valise au pas de course. Sur le quai, un bus troue la nuit de ses lumières jaunes. Otavalo ! J'interpelle le chauffeur qui me fait un signe de la tête. Je fais signe à Léa de grimper à bord. Dernier bus pour Otavalo. Cette fois-ci, la chance est avec nous. Trois heures de route nous attendent encore.

Il fait nuit noire. Plus de photos. Juste l'angoisse de ne plus trouver d'hôtel ouvert à cette heure de la nuit. Réservation en poche, je serre fort le billet dans ma main. Trois heures plus tard, on descend à l'entrée de la ville. Des files de taxis jaunes attendent les derniers voyageurs de la nuit. On grimpe à bod d'une Ford et on fille vers l'hôtel. Dieu merci. Celui-ci n'a pas encore fermé ses portes. La chambre nous attend. Rien à manger, mais un toit. L'essentiel. Demain matin, nous irons déjeuner de bonne heure, avant de prendre la route pour la Colombie. L'aventure continue.





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